• "La norme, c'est préservatif, pilule puis stérilet"

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    J'ai assisté il y a quelques jours à un colloque sur l'IVG. Notre région Paca détient un record : celui du nombre d'IVG pratiqués. D'où une journée organisée par le Conseil régional pour parler de contraception, de sexualité et d'avortement.

    Parmi une série d'interventions, parfois un peu classiques, une m'a vraiment captivée, c'est celle de Yaëlle Amsellem-Mainguy, chargée d’étude et de recherche à l’Institut nationale de la jeunesse et de l’éducation populaire. Elle a mené plusieurs enquêtes de terrain sur la sexualité des jeunes filles et garçons. Voici quelques de ses remarques et un lien pour lire l'une de ses études.

    - la contraception proposée aux jeunes femmes est rarement adaptée à leur mode de vie. En gros, on propose un circuit classique, hyper normé qui commence inévitablement par le préservatif au début d'une relation, qui se poursuit par la pilule lorsque la relation devient sérieuse - et qu'on a fait les tests - et qui se termine par le stérilet après le 2e enfant... Cette construction n’est pas adaptée à la réalité, c'est-à-dire à la pluralité des expériences et des sexualités que rencontrent les jeunes.

    - notre vocabulaire est imprégnée par nos représentations de vie sexuelle adulte. Par exemple, la contraception d'urgence est appelée "pilule du lendemain" or les adolescents et jeunes gens ne retrouvent pas un lit conjugal le soir, ils  font plus souvent l'amour l'après-midi. En fait, beaucoup des discours autour de la sexualité et de la contraception vers les jeunes sont impregnés des normes de personnes plus âgées.

    - Les jeunes filles qui achètent une contrception d'urgence ou la pilule sans ordonnance ont souvent droit à un discours moralisateur, parfois même un refus de vente complètement injustifié.

    - l'avortement n'est pas obligatoirement vécu comme un traumatisme par les jeunes filles. C'est pour beaucoup une libération "d'un problème". C'est aussi pour certaines, un moyen de vérifier qu'elle sont bien fertiles et que plus tard, elles pourront avoir un enfant sans souci.

    Lisez son étude : c'est vraiment très vivant et instructif.

     


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  • Commentaires

    1
    Khab
    Lundi 28 Février 2011 à 14:09

    A propos des contraceptifs d'urgence l'attitude de certains pharmaciens (pharmaciennes dans mon cas d'ailleurs) est vraiment limite, voire parfaitement honteuse. Il y a quelques années, suite à un problème de préservatif avec mon copain depuis déjà 2 ans à l'époque, je me retrouve à la pharmacie un samedi matin pour acheter une pilule du lendemain. Regard plein de jugement de la pharmacienne qui va chercher la pilule dans l'arrière-boutique. Elle parle à sa collègue, fort, suffisamment du moins pour que j'entende, "ça y est voilà la première à s'être faite baiser dans des chiottes de boîte de nuit"... J'étais tellement estomaquée que je n'ai bêtement rien répliqué. Elle avait tord mais quand bien même c'est ce qui se serait passé, de quel droit se permet elle un jugement. Je m'en suis trouvée extrêmement honteuse d'être aller chercher cette pilule alors que j'avais 20 ans. Je me suis toujours dit qu'une réflexion pareille à une gamine de 16 ans aurait pu avoir des conséquences assez lourdes (du genre ne pas oser aller chercher une autre pilule en cas d'un nouveau problème).

    C'est normal que les pharmaciens fassent de la prévention en vendant ces pilules mais les jugements et le côté un peu humiliant d'une phrase comme celle que j'ai reçue sont parfaitement anormaux.

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